« Les plus grandes stars de Hollywood, Elizabeth Taylor, Tyrone Power... sont descendues au Splendido de Portofino ! Vous allez voir, c’est magique! », s’enthousiasme le chauffeur de taxi dans un anglais presque parfait. Le ton est donné. Le numéro deux mondial de la joaillerie, qui est passé dans le giron de LVMH en 2011, a choisi le microscopique port de la Riviera ligure pour lancer, jeudi dernier, sa première ligne de pièces précieuses fédérées sous un même thème : Diva. Elle sera présentée le 2 juillet à Paris, pendant la semaine des défilés de haute couture. En guise d’étoiles, ce sont, pour l’heure, 220 clients qui battent la semelle dans le hall très années 1950 de l’hôtel Splendido. En robes longues et smokings, ces richissimes croqueurs de bijoux internationaux ne masquent pas leur impatience de découvrir cette collection de 180 pièces dont 80 sont nouvelles. « Il y a beaucoup d’excitation de leur part, confirme Giampaolo Della Croce, directeur de la haute joaillerie de Bulgari. Au-delà de la collection qu’ils ont hâte de découvrir, ce voyage est perçu comme un break préestival, une expérience unique dont ils se souviendront longtemps. Cela se passe en deux temps : l’émerveillement cède la place à la compétition pour décrocher la pièce qu’ils veulent offrir ou qui complétera leur collection. Ces personnes dominent le monde, elles savent ce qu’elles veulent et, quand elles entrent dans le showroom, toutes se posent la même question : “Où est mon bijou ?” »

“L’audace du design”

Bague, sautoir et collier, collection Diva, Bulgari.

Quand on sait qu’ici le ticket d’entrée d’un modèle de haute joaillerie dépasse les 350 000 euros, on mesure les enjeux de la bataille feutrée que ces happy few sont en passe de se livrer. « Si j’apprends que quelqu’un d’autre convoite le même collier que moi, j’arrive en avance au showroom, confie, sous couvert d’anonymat, un invité occidental. Si cela ne suffit pas, je paie le modèle immédiatement… » Les joyaux dévoilés dans le cloître de La Cervara, ancienne abbaye dont les jardins méditerranéens tombent à pic dans le golfe de Portofino, laissent l’assistance médusée. Et cela malgré une piètre présentation : les dispendieuses parures Diva défilent sur des mannequins vaguement sosies de stars qui arborent les toilettes d’époque de Liz T., Ava G., Marilyn M., Sophia L. et autres Brigitte B.

Comme si ces robes fanées n’avaient d’autre fonction que d’exhausser l’éclat de cette ligne unique dont chaque sujet se révèle être un concentré de l’esprit du Romain. « Bulgari se définit par la magnificence de sa haute joaillerie et son "italianité", affirme Jean- Christophe Babin, qui vient d’être nommé à la tête de l’entreprise. L’audace du design et la force des juxtapositions des couleurs de gemmes font partie de son identité. Avec ce motif Diva, élégant et sensuel, qui s’inspire du maquillage en pagode de Liz Taylor dans Cléopâtre, nous espérons tenir une nouvelle icône. Le potentiel est énorme car sa ligne se prête aussi bien à des créations uniques qu’à des bijoux reproductibles en série. »